Pour Stéphane Allix, créateur de l’Inrees (Institut National de Recherche sur les Expériences Extraordinaires), le voyage chamanique est devenu un outil de connaissance de soi mais aussi un moyen d’explorer les mondes invisibles à notre conscience. Nouvellement initiée au voyage chamanique, j’ai eu envie de savoir ce qu’en pensait cet enquêteur des mystères.
Avez-vous trouvé votre guide ?
C’est une quête qui est complètement extérieure à l’enquête que j’ai faite sur la vie après la mort mais oui je l’ai trouvé. Cela fait un an et demi que je l’ai identifié mais je me suis aperçu qu’il était là depuis beaucoup plus longtemps car je le vois depuis des années. Je suis davantage sur une voie chamanique aujourd’hui et j’ai en effet rencontré mon animal de pouvoir, celui qui m’aide, me guide, me protège.
Quelle est votre approche du chamanisme ?
Michael Harner est un anthropologue qui a aujourd’hui 87 ans. Il a été le professeur de Carlos Castaneda. Dans les années 50, 60, Harner s’est intéressé, comme beaucoup d’autres américains à ce moment là, au chamanisme. Il a essayé de synthétiser l’essence du chamanisme qu’il soit amazonien, mongol, amérindien etc. pour essayer de montrer quelque chose qui soit plus détaché des traditions culturelles. Il a développé des techniques, notamment l’utilisation du tambour et il a créé la FSS (Foundation for Shamanic Studies). Je suis ami avec son représentant en Europe qui s’appelle Laurent Huguelit. Il a publié plusieurs livres chez Mama Editions et nous l’avons fait intervenir plusieurs fois à l’INREES. Pour moi, leur approche est vraiment très intéressante et elle m’a transformé car elle n’est pas focalisée sur l’aspect culturel, le décorum mais au contraire sur la quintessence du chamanisme. Ce que j’aime chez ces gens là, Harner, Huguelit, c’est qu’ils ont les pieds sur terre et c’est grâce à ça qu’ils peuvent aller loin. Un jour j’étais en retraite tout seul dans la montagne et j’ai eu deux ou trois expériences un peu flippantes. J’en ai parlé à Laurent Huguelit qui m’a dit : « mais enfin, tu devrais trouver ton animal totem. »
Comment avez-vous fait pour le trouver ?
Harner explique très bien dans son livre « La Voie du Chaman » qu’il y a le monde d’en haut et le monde d’en bas et que nous, nous sommes dans le monde du milieu. Pour trouver son animal totem, il faut aller dans le monde d’en bas. Très concrètement, j’ai mis des écouteurs avec un bruit de tambour pendant 30 minutes (sur le site de Michael Harner, on peut télécharger des morceaux de tambour de 15 ou 30 mn) et je me suis visualisé partant dans le monde d’en bas. J’ai fait un voyage chamanique. J’ai vu un animal et puis plein d’autres et je me suis demandé : « mais comment savoir lequel est mon animal gardien? » Et puis, j’ai fait un deuxième voyage le lendemain dans lequel un animal est devenu plus présent, puis un troisième. Au cours du quatrième, j’ai eu une interaction folle avec un animal. Alors, je lui ai dit : « envoie-moi des signes. Comment puis-je savoir si c’est bien toi ? » Dans les jours qui ont suivi, j’ai eu des signes dans notre monde qui ont été des claques. Je me suis aperçu après coup que cet animal avait été présent dans des rêves, dans des expériences que j’avais vécues auparavant, à chaque fois pour me montrer des choses. Et moi, vous l’aurez compris, je ne laisse pas juste aller mon imaginaire parce que quelque chose me plaît. Dernièrement, j’ai encore vécu quelque chose de fou que j’écrirai peut-être dans un prochain livre où la véracité de l’expérience est indiscutable. Mon animal gardien était bien là et aujourd’hui, je le sens présent, constamment. Après une conférence, pendant une séance de dédicaces, un homme est venu, pas méchant mais avec l’intention de prendre un peu le pouvoir, en me disant des choses sur moi. J’ai horreur de ça et j’avais juste envie qu’il se taise. Soudain, j’ai senti mon animal derrière moi, une présence énorme, comme un protecteur. Je n’ai rien eu à dire, ni à faire. Le mec s’est tu et il est parti.
Que pensez-vous du voyage chamanique avec l’Ayahuasca ?
L’Ayahuasca est un psychédélique. C’est-à-dire que ce n’est pas une drogue qui provoque des hallucinations. Ce n’est pas une drogue déjà, c’est un amplificateur de conscience. C’est un outil très puissant qui peut nous emmener très loin. C’est pourquoi avant toute chose, c’est important de dire qu’il faut bien choisir son chaman avant de se lancer dans ce genre d’aventures. C’est très à la mode depuis quelque temps de partir au Pérou pour faire ce genre d’expérience. Il faut savoir que sur tous les chamans qui proposent cela, certains sont juste des sorciers qui souhaitent empocher beaucoup d’argent et profiter des jolies filles, donc il faut bien se renseigner avant et être très prudent.
Il faut savoir que l’Ayahuasca vous emmène loin et que vous êtes parti pour 4 ou 5 heures de voyage chamanique pendant lesquels vous ne maîtrisez rien. Ca peut faire peur. Et le problème, c’est que si vous avez peur, c’est cette émotion qui va être prédominante dans le voyage. Il faut vraiment être bien accompagné pour gérer ce moment là car si la première montée vous fait paniquer, il faut savoir que ça peut durer pendant 5 heures et là c’est l’horreur absolue. Je le raconte dans un de mes livres. Par contre, il y a des gens pour qui la première expérience est extrêmement lumineuse. En tout cas, c’est très puissant et cela nous met en contact avec des choses qu’il faudra de toute façon affronter quand nous seront mort.